Mézières

La Basilique Notre-Dame d’Espérance

La construction de la Basilique Notre-Dame d’Espérance a débuté le 14 avril 1499 et s’est prolongée jusqu’en 1627. Son histoire est le reflet de celle des habitants du quartier, riche en anecdotes, en événements heureux ou douloureux : siège de la ville, mariage d’un Roi de France, invasions, guerres, incendies …

Elle accueille aujourd’hui son cinquième orgue. Dès l’achèvement de la Basilique, on y place un petit orgue positif, utilisé jusqu’alors dans la précédente église romane. Au fur et à mesure de l’achèvement de la nef, cet orgue se révèle trop faible pour le volume de l’église. On construit alors un nouvel instrument vers 1750. C’est un important orgue de tribune qui, après plusieurs restaurations et modifications, durera jusqu’au milieu du XIXème siècle. Il est remplacé en 1885 par un instrument de 33 jeux, construit par Pierre Schyven, facteur d’orgue à Bruxelles. Privé de ses tuyaux d’étain enlevés en 1917 par les Allemands, l’orgue est restauré en 1927 et inauguré par Edouard Létrange, organiste à Charleville.

Photographe : Gustave Pamard (1869-1936), crédits
photographiques : Ministère de la Culture (France),
Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, diffusion
RMN-GP
Photographe : Gustave Pamard (1869-1936), crédits
photographiques : Ministère de la Culture (France),
Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, diffusion
RMN-GP

Un nouvel instrument est entrepris dès 1947 par Paul-Marie Koenig, organier à Paris. Il s’agit d’un orgue néoclassique utilisant les moyens mécaniques modernes en vogue à l’époque : transmission électropneumatique, multiples combinaisons : 44 registres pour 27 jeux réels; l’orgue n’a pas de buffet, les tuyaux de façade sont en zinc. Il est inauguré le 19 juin 1951 par Léonce de Saint Martin, alors titulaire des Grandes Orgues de Notre-Dame de Paris. En raison de la mauvaise qualité des matériaux, l’instrument vieillit très mal. Un relevage partiel des éléments sonores est effectué en 1974, mais le délabrement général s’accentue, jusqu’à le rendre inutilisable.

1984 : une première démarche est entreprise auprès du maire de Charleville-Mézières, afin d’envisager une restauration indispensable.

1985 : les études montrent que le projet de restauration se révèle difficile, onéreux et aléatoire quant aux qualités musicales de l’instrument.

1986 : le conseil municipal approuve le projet de construction d’un orgue neuf qui assurera à la Ville développement culturel et musical, par l’intermédiaire de l’Ecole Nationale de Musique et de Danse qui utilise l’orgue comme instrument d’enseignement. La maîtrise d’œuvre est confiée à Monsieur J.-P. Decavèle.

1987 – 1994 : plusieurs remises en cause du projet, difficultés de financement, longues recherches de subventions, réévaluations de l’opération, «impasse» et, finalement, aboutissement.

1996 : la Manufacture Yves KŒNIG de Sarre-Union, dont le projet avait été choisi sur appel d’offres en 1991, commence en atelier la fabrication de l’instrument et, le 7 avril 1997, l’orgue arrive en pièces détachées à la Basilique …

Au fur et à mesure du montage, on découvre que l’instrument s’harmonise parfaitement à l’édifice ; la forme élancée des tourelles monte à l’assaut de la voûte. Collé aux piliers, l’arrondi du buffet reflète la courbure de la fenêtre. Comme le peintre René Dürrbach l’avait fait quelques années plus tôt pour les vitraux, l’artisan Yves Kœnig a su, ici, mettre son talent individuel au service de l’œuvre collective, perpétuant ainsi la tradition des compagnons bâtisseurs. Bientôt s’échappent les premières notes : un son plein, chaleureux, assez doux pour laisser entendre les harmoniques et percevoir les différents timbres. La Pierre, le Bois, la Lumière, la Musique. Par la présence de l’orgue, l’intérieur de la Basilique semble maintenant achevé, dans son atmosphère de calme et de sérénité, si propice à la méditation.

Agnès PRUVOT